Chroniques des horizons

Herman Melville : Un géant de la littérature américaine

par | Sep 8, 2024 | Les auteurs d'aventures | 0 commentaires

Herman Melville est né le 1er août 1819 à New York, dans une famille plutôt aisée. Son père, Allan Melvill (le « e » à la fin du nom sera ajouté plus tard par Herman), était un commerçant en soieries, tandis que sa mère, Maria Gansevoort Melvill, venait d’une famille influente. Herman a grandi dans une ambiance de relative stabilité jusqu’à la faillite de l’entreprise familiale et la mort de son père en 1832. Cette perte bouleversante a obligé la famille Melville à se débrouiller financièrement, plongeant Herman dans un monde de responsabilités bien trop tôt.

Des débuts marqués par la mer

Après la mort de son père, Herman quitta l’école et prit divers emplois modestes : employé de banque, enseignant, fermier. Mais c’est la mer qui l’attira le plus. À l’âge de 20 ans, il s’engagea comme marin à bord d’un navire marchand, le St. Lawrence, qui partait pour Liverpool. Cette première expérience en mer lui laissa un goût de liberté, mais ce n’était qu’un début.

Quelques années plus tard, en 1841, Melville embarqua sur le Acushnet, un baleinier qui devait sillonner les mers du Sud. Ce fut une expérience intense qui dura plus de 18 mois. Il finit par déserter le navire aux îles Marquises, où il vécut parmi les indigènes pendant plusieurs semaines. Ces aventures lui fournirent la matière de ses premiers récits, et elles allaient marquer son style et sa sensibilité littéraire pour toujours.

Succès précoce avec Typee et Omoo

De retour aux États-Unis, Melville se mit à écrire ses mémoires d’aventures en mer et dans les îles du Pacifique. En 1846, il publia Typee, un récit inspiré de son séjour aux Marquises, où il avait vécu avec une tribu polynésienne. Ce premier livre connut un vif succès, tant aux États-Unis qu’en Angleterre. Melville enchaîna rapidement avec Omoo (1847), un autre récit maritime basé sur son expérience aux îles de la Société.

Ces deux premiers ouvrages firent de lui un auteur populaire, apprécié pour ses récits d’aventure exotique, où se mêlaient descriptions vibrantes des paysages lointains et analyses subtiles des cultures rencontrées. Mais Melville, toujours en quête de quelque chose de plus profond, ne voulait pas se limiter à ce style.

L’Ambition de Moby Dick et l’échec critique

Melville rêvait d’écrire une œuvre plus grande, plus philosophique. En 1851, il publia Moby Dick, une épopée maritime centrée sur la chasse à une baleine blanche et sur la quête obsessionnelle du capitaine Achab. Le roman est complexe, mêlant des réflexions sur la condition humaine, le destin, la nature et les forces mystérieuses qui régissent le monde.

Malheureusement, Moby Dick fut un échec commercial et critique. L’œuvre était bien trop avant-gardiste pour son temps. Les lecteurs, habitués aux aventures maritimes classiques, ne comprenaient pas le symbolisme et la profondeur du roman. Melville fut profondément affecté par cet échec. Il avait mis tout son cœur dans ce livre, et voir son œuvre incomprise l’a conduit à une certaine amertume.

Un déclin littéraire et une vie anonyme

Après l’échec de Moby Dick, Melville continua à écrire, mais ses œuvres suivantes, comme Pierre ou les Ambiguïtés (1852), furent encore plus mal reçues. Ce roman, psychologique et expérimental, déconcerta les lecteurs et signa presque la fin de sa carrière littéraire.

Pendant les deux décennies suivantes, Melville passa pratiquement inaperçu. Il écrivit quelques nouvelles et poèmes, mais aucun de ses ouvrages ne rencontra de succès. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il accepta un poste de douanier à New York, où il travailla pendant plus de 20 ans.

Melville se tourna de plus en plus vers la poésie, explorant des thèmes spirituels et philosophiques dans des œuvres comme Clarel (1876), un long poème épique sur un pèlerinage en Terre Sainte. Mais là encore, ces ouvrages passèrent largement inaperçus.

Les dernières années et Billy Budd

Vers la fin de sa vie, Melville se retira presque entièrement de la scène littéraire. Il continua d’écrire pour lui-même, notamment un dernier récit maritime, Billy Budd, qu’il laissa inachevé à sa mort en 1891. Ce texte, découvert et publié posthumement en 1924, raconte l’histoire d’un jeune marin injustement condamné. Ce dernier roman, comme Moby Dick, est devenu l’une des œuvres les plus étudiées de Melville.

La redécouverte : Le génie posthume

Il fallut attendre le début du XXe siècle pour que Melville soit redécouvert et reconnu comme un géant littéraire. Des critiques comme Raymond Weaver jouèrent un rôle clé dans cette renaissance. Moby Dick fut réévalué et enfin reconnu pour sa richesse et sa complexité, et Melville fut redécouvert comme un auteur visionnaire. Aujourd’hui, Moby Dick est considéré comme l’un des plus grands romans jamais écrits, une œuvre monumentale qui continue de fasciner et de captiver les lecteurs du monde entier.

L’héritage de Melville

L’héritage de Melville repose sur sa capacité à capturer non seulement l’esprit de l’aventure, mais aussi les mystères plus profonds de l’existence humaine. Ses récits, à la fois réalistes et philosophiques, parlent d’hommes en lutte contre des forces qui les dépassent, qu’il s’agisse de la nature ou de leur propre destinée. Il s’intéressait aux questions universelles : l’obsession, le pouvoir, le bien, le mal, et la quête de sens dans un monde souvent incompréhensible.

Melville est désormais reconnu comme l’un des plus grands écrivains américains, même si la reconnaissance a mis du temps à venir. Son parcours, fait de hauts et de bas, montre que parfois le génie n’est pas toujours reconnu à son époque. Aujourd’hui, il est une figure emblématique de la littérature mondiale, et ses œuvres continuent d’inspirer les écrivains, philosophes et lecteurs de toutes les générations.

 

Biographie d’Herman Melville : Dates clés

  • 1er août 1819 : Naissance à New York, dans une famille aisée.
  • 1832 : Mort de son père, Allan Melvill, laissant la famille dans des difficultés financières. Herman quitte l’école et commence à travailler.
  • 1839 : Premier emploi en tant que marin sur le navire marchand St. Lawrence, qui part pour Liverpool.
  • 1841 : Embarque sur le baleinier Acushnet pour une expédition dans le Pacifique Sud.
  • 1842 : Déserte le Acushnet et vit parmi une tribu des îles Marquises pendant plusieurs semaines.
  • 1843 : S’engage à bord de la frégate américaine United States, expérience qui inspire plusieurs de ses écrits futurs.
  • 1846 : Publication de son premier livre, Typee, qui raconte ses aventures aux îles Marquises. Succès immédiat.
  • 1847 : Publication de Omoo, basé sur ses aventures dans les îles de la Société. Succès similaire à Typee.
  • 1847 : Mariage avec Elizabeth Shaw, la fille d’un juge influent de Boston. Le couple aura quatre enfants.
  • 1850 : S’installe à Pittsfield, dans le Massachusetts, où il se lie d’amitié avec l’auteur Nathaniel Hawthorne.
  • 1851 : Publication de Moby Dick, roman ambitieux mais mal accueilli à sa sortie.
  • 1852 : Publication de Pierre ou les Ambiguïtés, un échec critique et commercial.
  • 1855 : Publication de Les Contes de la véranda (The Piazza Tales), recueil de nouvelles qui contient des textes comme « Benito Cereno » et « Bartleby, le scribe ».
  • 1857 : Publication de The Confidence-Man, un roman satirique qui déçoit également.
  • 1866 : Melville accepte un poste de fonctionnaire aux douanes de New York, où il travaille pendant plus de 20 ans.
  • 1876 : Publication de Clarel, un long poème épique sur un pèlerinage en Terre Sainte, qui passe inaperçu.
  • 1886 : Mort de son fils Malcolm, à l’âge de 18 ans, un drame qui affecte profondément Melville.
  • 1891 : Achève Billy Budd, une nouvelle qui ne sera publiée qu’après sa mort.
  • 28 septembre 1891 : Mort d’Herman Melville à New York, dans l’anonymat.
  • 1924 : Publication posthume de Billy Budd, qui marque le début de la redécouverte de l’œuvre de Melville.
  • Années 1920-1930 : Redécouverte de Moby Dick et de l’œuvre de Melville par les critiques littéraires, notamment Raymond Weaver, qui réhabilitent son importance dans la littérature américaine.

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