Chroniques des horizons

Nietzsche contre Instagram : chronique d’un philosophe annulé

par | Mai 23, 2025 | Culture & Littérature | 0 commentaires

Nietzsche contre Instagram : chronique d’un philosophe annulé

Le ton gronde comme un orage numérique, l’âme vacille entre l’égo exhibé et la quête de sens. Ici, Instagram sculpte des statues de pixels et enterre les voix discordantes. Nietzsche, exhumé pour le style plus que pour la substance, devient l’icône déchue d’une pensée hashtag. Dans ce brouhaha de stories et de filtres, qui restera debout quand la lumière s’éteindra ?

De la volonté de puissance au branding de soi

Le philosophe de la volonté de puissance se voit réduit à un wallpaper esthétique, un avatar lisse calibré pour le like. Son cri « Deviens ce que tu es » se transforme en slogan publicitaire entre deux selfies. À l’ère du simulacre collecté par des algorithmes, la profondeur se neutralise : Baudrillard applaudirait de son tombeau, spectateur amusé d’une éclipse de la réalité sous le halo du virtuel.

On scrolle, on double-tap, on consomme la pensée comme un plat minute, sans remords, sans digestion intellectuelle. Nietzsche devient une marchandise culturelle, dévorée sans mâcher, puis aussitôt expulsée dans un flux sans fin. La postérité, livrée aux automatismes d’une interface, ressemble plus à un cimetière de citations qu’à un dialogue vivant.

Pensée censurée, esprit recyclé

Sur Instagram, la cancel culture se pare de bonne conscience : l’indignation est un spectacle, la censure un divertissement. Chaque mot de Nietzsche passé au détecteur de controverses, chaque aphorisme réécrit pour plaire ou pour choquer. Le philosophe interrompu, « annulé » avant même d’avoir pu finir sa pensée, devient otage d’une mémoire fragmentée.

Le feed impose son rythme effréné, broie la singularité sous des injonctions incessantes à l’adhésion ou à la dénonciation. Face à cette mécanique, la pensée critique ralentit, s’étiole. Il ne reste qu’un zapping continuel où toute illusion de révolte se fond dans le décor uniforme d’un cosmos d’images calibrées.

Fragments de lucidité sur un banc urbain

Je me souviens d’un soir glacé, assis sur un banc urbain, un vieux recueil de Nietzsche à la main. Les néons d’un abribus illuminaient les pages jaunies, tandis que mon reflet se dissociait en fragments multicolores sur l’écran de mon téléphone. J’ai fermé le livre, j’ai fermé l’appli. Un instant de lucidité : l’ombre du penseur s’élargissait, libre d’échapper aux cadres rectangulaires et aux décrets numériques.

Conclusion

Réveillons la clameur de la pensée sauvage, hors de portée des filtres et des likes. Rendons à Nietzsche sa voix entière, son chaos créateur et sa rage vivante. Dans ce duel entre pixels et passions, nul algorithme ne triomphera tant que l’esprit refusera d’être domestiqué. Swipe vers la liberté, et que l’ombre du philosophe vous guide hors des écrans.

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